L’histoire des arts de la table
Histoire de la table française à travers les siècles
De quelle manière les arts de la table ont-ils évolués au travers les siècles et quels sont les codes qui en sont nés ? Découvrez dans cet article l’histoire de France en la matière.
Les arts de la table, en France, sont le fruit d’une longue histoire passionnante : les traditions dans l’art de manger et de recevoir y ont évolué siècle après siècle depuis la Renaissance, et la table française a su inspirer l’Europe et le monde.
On en redécouvre aujourd’hui avec plaisir les grandes époques !
Si les repas sont pris en commun depuis la préhistoire, et que les repas cérémoniaux ont leurs rituels sous l’Antiquité, les arts de la table prennent leurs origines à la fin du Moyen-Age.
C’est en 1530 qu’apparaissent les bonnes manières : Erasme écrit le Manuel de Civilité Puérile, destiné à éduquer les enfants.
C’est à la même période que Catherine de Médicis fait venir d’Italie les tendances culinaires sucrées (pâtisseries, nougats, massepains, desserts), ainsi que la faïence fine, la verrerie et la fourchette à 2 dents … mais attention, cette dernière sert uniquement à déguster des poires cuites.
Plus généralement, à cette période, on mange toujours avec les doigts, sur un tranchoir, parfois partagé.
Mais la table devient un meuble aux pieds fixes, et non plus une paire de tréteaux, et les bancs se transforment en sièges individuels : la table est devenue lieu de réunion, de spectacle, et de pouvoir.
À chaque siècle sa tendance : alors que le 15ème siècle reste marqué par l’abondance du banquet, le 16è siècle se distingue par le raffinement et la rareté des mets. À partir du 17ème siècle laisse émerger des mets exotiques (café, thé …), des ragouts et sauces plus élaborés, et tout un art de manger ensemble. C’est au 17ème que les couverts deviennent individuels : assiette, verre, serviette et fourchette à 3 dents.
Histoire d’Olivier de Castille et d’Artus d’Algarbe, Banquet de noces, de Philippe Camus (XV e siècle), enluminure de Loyset Liédet, Bibliothèque nationale de France, Paris.
Un petit banquet, huile sur toile de L. van Valckenborch et G. Flegel (XVIe siècle).
Le Festin de Balthazar, Anvers, 1er quart du XVIIe siècle, Huile sur toile – 108 x 132 cm, Orléans, Musée des Beaux-Arts.
Le déjeuner de chasse, Jean-François de Troy, 1738.
Le bouleversement des représentations du repas au 18ème siècle : les premiers restaurants apparaissent suite à la Révolution Française, lorsque de grands cuisiniers se trouvent au chômage suite à l’exil des aristocrates. Paris devient capitale gastronomique.
Les restaurateurs adoptent le service à la russe, qui permet de servir les plats les uns après les autres, de façon plus adaptée que le service à la française où l’on laisse les plats à table.
La table se démocratise au 19ème siècle, mais les usages à table varient selon l’origine sociale : la haute bourgeoisie donne de riches banquets où briller intellectuellement, la nouvelle bourgeoisie accède aux mets de luxe avec moins de manières mais avec gourmandise.
Pour le peuple, la naissance de l’industrie agro-alimentaire enraye enfin la famine, et les restaurants deviennent accessibles aux revenus modestes. Tout le monde est, d’une façon ou d’une autre, à table !
À partir de l’apparition du formica, le design évolue à tout allure et les modes se succèdent avec le plastique et les ustensiles modernes. À table, la vaisselle et la verrerie se déclinent en fonction des différents plats, et l’on différencie parfois la vaisselle des repas quotidiens du « service du dimanche ».
La cérémonieuse opulence n’est plus à la mode, et la table devient une expression du style de la maison, avec des bonnes manières plus simples, mais aussi plus répandues. De nouveaux modes de repas amènent à faire évoluer plus régulièrement sa vaisselle : barbecues, salades repas, fondues sont autant d’exemples de repas singuliers qui renouvellent la table à la maison.
La table française est aujourd’hui plus libre et plurielle : elle conserve des traditions séculaires, comme les grands principes du dressage ou de l’art de recevoir, mais se réinvente au fil des saisons et des styles, comme un prolongement de soi.
Les Noces de Cana – Peinture à l’huile Paul Véronèse en 1563 –
Musée du Louvres, Paris
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